Blogueuse invitée, Decouvertes

Désencombrez-vous !

Aujourd’hui j’ai l’immense bonheur et le grand honneur d’accueillir Aurore Chhe, l’autrice du livre « Désencombrez-vous ! » paru au éditions Hachette.

Bonjour Aurore, tu es une femme avec de nombreuses casquettes  : blogueuse, c’est comme cela que je t’ai connue lorsque j’ai créé mon entreprise, maman de 4 enfants, élève avocate depuis janvier 2020. Et en plus de tout cela tu es l’autrice d’un livre « Désencombrez-vous » sorti en mars 2020.

Bonjour Armelle, merci pour ta confiance et cette élogieuse présentation.

Armelle : Est-ce que j’ai oublié des casquettes  ?

Aurore : Je ne crois pas ! Je suis effectivement blogueuse, ce hobby m’a permis de développer des compétences professionnelles et j’ai monté ma micro-entreprise en 2013 pour mener à bien mes missions de rédactrice web et consultante média. Dernièrement, j’ai donné des formations pour aider les entreprises locales à gérer leur communication sur les réseaux sociaux.

J’ai toutefois ralenti sur cette activité lorsque j’ai repris mes études.

Mais sinon, je suis effectivement élève-avocate, autrice, mère de quatre enfants et accessoirement, blogueuse ! ;-)

Désencombrez-vous!

Armelle : Comment fais-tu pour mener tous cela de front  ? Quelles sont tes astuces, ta méthode  ?

Aurore : J’ai une manière de penser complètement erratique. Je peux faire beaucoup de choses, mais pas toutes en même temps. Je suis quelqu’un de très organisée en apparence, mais au fond, je me laisse déconcentrer très rapidement.

J’ai appris à respecter mon mode de fonctionnement et je ne me fais plus violence pour espérer convenir à un modèle auquel je suis incapable de m’adapter.

Pour pouvoir réaliser toutes les tâches qui me sont assignées, je prends donc le temps de me consacrer à chacune plutôt que d’essayer de tout concilier en même temps. J’ai beaucoup gagné en efficacité en agissant ainsi, ce qui me permet d’avoir beaucoup plus de temps qu’auparavant.

Armelle : Pourquoi un jour as-tu ressenti le besoin de désencombrer ta maison  ?

Aurore : Il y a quatre ans, j’ai vécu une rupture familiale très difficile à encaisser. J’ai toujours été quelqu’un d’ordonné, mais j’ai décidé à ce moment-là d’aller beaucoup plus loin dans ma démarche et de me départir de nombreux objets qui me rappelaient des souvenirs douloureux.

Désencombrer et ranger m’a permis de faire le deuil de cette relation perdue. J’ai pu recommencer à vivre et me réconcilier avec moi-même.

Le rangement a été une véritable thérapie pour moi. Outre l’acte de désencombrer qui possède un grand capital en « vidage de tête », le fait de se retrouver avec juste l’essentiel dans une maison parfaitement rangé est une grande source de sérénité et d’apaisement.

Armelle : Est-ce que toute ta famille était partante pour désencombrer et alléger le quotidien  ? Quelles ont été les réticences des uns et des autres  ? Comment as-tu vaincu leurs peurs ?

Aurore : Je n’ai pas tellement demandé leur avis aux membres de ma famille. Ils me savent un peu « maniaque » (même si de mon point de vue, je suis juste quelqu’un de normal ! ^^) et ne s’étonnent jamais quand il me prend de rentrer dans une frénésie de rangement.

Cette fois-ci étant plus extrême que les autres, mon époux a commencé à se plier au jeu. Bordélique à la base, il a appris à apprécier les avantages d’un intérieur bien rangé. Pour les enfants, pas de réticences particulières. Seule ma cadette s’est montrée un peu sceptique au début mais elle a dû admettre rapidement qu’une chambre rangée est tout de même plus agréable. La seule difficulté a été de se débarrasser de certains jouets inutilisés, j’ai alors expliqué à mes enfants l’intérêt de les transmettre à d’autres afin que ces jouets continuent à amuser des enfants. Les plus jeunes sont très adaptables. Ils peuvent rechigner un peu au début, mais quand la tâche leur est présentée avec enthousiasme, ils se laissent rapidement convaincre de l’utilité de la mission !

« Apres avoir rangé, mon esprit s’est libéré et j’ai pu entreprendre de grands projets. »

Aurore Chhe

Armelle : Est-ce que tu pourrais-nous donner les 3 bénéfices majeurs que tu as ressenti après ce grand désencombrement  ?

Aurore : Je me suis sentie beaucoup plus légère, débarrassée de dizaines d’objets d’un passé trop encombrant.

J’ai pu libérer de l’espace dans ma tête afin de me recentrer sur mes ambitions profondes.

Je trouve le quotidien avec une famille nombreuse beaucoup plus facile à gérer dans une maison ordonnée.

Armelle : Aujourd’hui comment fais-tu pour maintenir un intérieur serein et rangé  ? 

Aurore : J’ai intégré le rangement dans les tâches ménagères. Auparavant, je rangeais quand je saturais de voir le bazar. Aujourd’hui, chacun a une tâche liée au rangement, chaque semaine. Les petits rangent leurs chambres respectives. Certains ont pour tâche de ranger le désordre laissé dans le salon ou dans la cuisine. Je m’occupe de la gestion des dressings (donner/vendre les vêtements trop petits, par exemple, gérer le stock de vêtements neufs à acheter, transférer les affaires des plus grands chez les plus petits) et une fois par an, je repasse dans toutes les pièces pour refaire un rangement rapide.

Ce qui m’avait initialement pris plusieurs semaines ne me prend qu’une journée ou deux désormais car nous faisons très attention à ce que nous achetons. Moins on possède de choses et plus il est facile de trouver une place pour les possessions actuelles, moins le désordre s’installe !

Désencombrez-vous!

Armelle : Connais-tu le métier de home organiser  ? Penses-tu que cela peut aider des familles à y « voir plus clair, à gagner un temps précieux que vous pourrez utiliser pour des moments importants… » je reprends tes mots  ?

Aurore : Je connais en effet le métier de home organiser. Je pense que c’est un service qui peut être très utile pour aider les familles à organiser leur maison et à désencombrer. Le désencombrement est une compétence comme une autre, comme la couture, la cuisine, la photographie ou le droit… Cela s’apprend et certains sont naturellement plus doués que d’autres.

Cela me semble être une très bonne option de se tourner vers un.e home organiser quand on n’a pas le temps d’apprendre ou que l’on a des difficultés à s’organiser seul, de la même manière que l’on fait appel à un.e photographe pour son mariage et à un.e couturier.e pour les retouches de ses vêtements, ou encore à un avocat quand on souhaite divorcer !

Armelle : As-tu songé à faire appel à une home organiser pour t’accompagner dans ce processus  ? Quels en sont les raisons  ?

Aurore : Je n’ai pas fait appel à un.e home organiser pour m’accompagner dans ce processus car j’estimais avoir de solides compétences de base. Je range depuis que je suis toute petite, et même si je n’avais jamais poussé le processus aussi loin, je m’en savais capable.

En outre, j’ai eu besoin de ranger moi-même, car, comme je l’ai dit précédemment, cela a été une véritable thérapie pour moi. Prendre un objet en main, me demander si je souhaitais le garder ou non, m’interroger sur la place qu’il pouvait occuper dans notre habitat, ce sont des actions très concrètes et pragmatiques, et cela m’a été très salutaire alors que je devais faire le deuil d’une personne importante dans ma vie. Je ne l’ai pas prémédité, mais force est de constater que cela m’a vraiment aidé à surmonter cette période douloureuse.

Désencombrez-vous!

Armelle : Quel est ton regard sur la charge mentale qui pèse sur les femmes  ?

Aurore : Etant une femme, mère de quatre enfants, de surcroît, la charge mentale est un phénomène que je connais plutôt bien, même si j’ai un conjoint qui participe activement à notre vie de famille.

Plus que la charge mentale, c’est la culpabilité qui est difficile à supporter, pour moi. Là où mon époux ne se pose aucune question, comme s’agissant de mettre nos enfants au centre de loisirs pendant les vacances, je me sens, pour ma part, très coupable de ne pas passer ce temps avec eux et de privilégier ma carrière à leurs vacances.

On demande aux femmes d’assumer de nombreux rôles tout en leur reprochant de « tout vouloir » quand elles affirment qu’elles ne devraient pas avoir à assurer seules. On vit dans une société qui culpabilise les femmes pour tout ce qu’elles font. Elles privilégient leur vie de famille ? Ce sont des feignantes sans ambition. Elles privilégient leur vie professionnelles ? Ce sont de mauvaises mères. Elles osent demander une participation équivalente à la personne qui partage leur vie (s’il s’agit d’un homme) et on leur reprochera de ne pas se satisfaire de ce qu’elles ont et de se positionner en victimes plaintives.

J’ai essayé d’apprendre à relativiser. J’essaye d’impliquer mon conjoint dans la vie émotionnelle de nos enfants afin de ne pas être la seule à supporter la culpabilité qui découle de ne pas être là pour eux autant que je le voudrais. Je ne veux pas raisonner « en homme » et j’aimerais plutôt que mon époux raisonne « en femme », « en mère » surtout. Je refuse d’assumer seule la charge que supposent des enfants que nous avons fait à deux.J’ai dû déconstruire de nombreux préjugés que j’avais intégré depuis toujours. J’ai appris à faire pleinement confiance à mon co-parent pour s’occuper de nos enfants à sa façon, mais aussi bien que moi. Je ne suis pas compétente parce que je suis leur mère, je le suis parce que j’ai appris à être leur parent à leur contact, au même titre que leur père.

J’intègre une profession éminemment sexiste et machiste. Je sais que mon statut de femme et a fortiori de mère sera un obstacle à ma carrière. On nous le répète ad nauseam à l’école des avocats. J’espère faire partie de ces avocates qui font bouger les lignes en exerçant leur métier avec passion, empathie et bienveillance.

Mille Mercis Aurore, pour ce moment riche. Je te souhaite une belle carrière d’avocate où je suis sûre, tu sauras faire entendre la cause des femmes.

Ressources :

Désencombrez-vous ! Editions Hachette

Vous pouvez retrouver Aurore sur Instagram